Toxicomanie et Ruralité au sein de l'UE

Enquête sur un phénomène qui perdure...

Les toxicomanies sont des phénomènes anciens, massifs et graves. Elles touchent les sociétés depuis des siècles, quelle que soit leur manière de se gouverner et de gérer les problèmes qui en découlent. Continent « avancé » ayant pris un pli hédoniste au cours des XIXe et XXe siècles, l’Europe subit et s’adapte aux toxicomanies de son époque, en ville comme aux champs.

Les premières ont été très fortement observées par de nombreux chercheurs en sciences sociales, politiques, sanitaires, sous un angle juridique, ou encore sécuritaire. En revanche, le milieu rural n’a pas bénéficié d’une telle attention. La documentation sur la thématique des toxicomanies dans le monde rural est rare. Parmi elle, on compte quelques articles et quelques études de terrain en France et en Belgique notamment. Réalisées par des professionnels de santé, elles donnent une certaine mesure de ces phénomènes, plutôt ignorés du grand public via les médias les plus notoires.

Reste, pour approcher ce périmètre, le web et la ressource humaine, qui s’inscrit dans ce que nous décrivons comme une chaîne des toxicomanies en ruralité.

L’enquête qui suit est une modeste contribution à la compréhension de ce phénomène. Bien que circonscrite dans un temps restreint (enquête réalisée entre le 25 octobre 2021 et le 15 janvier 2022) et dans un format relativement court (45 pages), ce travail prend en compte la problématique de la toxicomanie en milieu rural en intégrant toutes les populations concernées : l’usager, le fournisseur/producteur, les personnels médico-sociaux, les forces de l’ordre et la justice.

Suivant le parcours du produit, ses usages, et ses impacts dans la société, nous évoquons des cas concrets, des histoires personnelles afin de montrer quelques réalités. Nous cherchons aussi à éclairer l’environnement du phénomène dans des secteurs particuliers : dans les Hauts-de-France (30 % de résidents ruraux), en Auvergne (25 % de population rurale sur 75 % du territoire), et en Belgique dans son rapport transfrontalier avec les Hauts-de-France. Ainsi, nous nous appuyons sur un réseau de personnes qui couvre l’ensemble de la « chaîne » du produit stupéfiant et de ses usagers.

Une trentaine d’entretiens, qui n’ont pas valeur statistique, ont été réalisés pour les besoins de cette enquête, en présentiel comme au téléphone : quidams qui consomment, revendeurs, trafiquants ou producteurs, infirmières et éducatrices spécialisées. À ceux-ci, nous avons ajouté procureurs, avocats, justiciables, agents de probation, policiers, gendarmes, et cadres des douanes. Nous avons cherché à faire le tour des personnes qui ont « partie liée » avec le phénomène des toxicomanies en milieu rural.

Une remarque : l’enquête ne prend en compte que les produits stupéfiants illégaux, soient : résines de cannabis, herbe, champignons hallucinogènes, Ecstasy, Speed, MDMA, cocaïne et dérivés, opiacés et dérivés. Bien que considérés comme des « drogues », le tabac et l’alcool n’entrent pas, en tant que tels, dans le champ de l’enquête, mais l’un comme l’autre sont en relation avec les autres, dans le cadre de polyconsommations et de la prise de cannabis et d’herbe avec le tabac.

Nota : Outre le droit de protection des sources, nous avons choisi de rendre anonymes tous les entretiens pour deux raisons : le confort des personnes dans leur prise de parole et la demande d’une très large partie d’entre eux.

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