Asile et migration dans l’Union européenne : Prévention du trafic de migrants

Vue d'ensemble de la position de l'UE sur la prévention de l'immigration clandestine et du trafic de migrants

La lutte contre la migration illégale et la criminalité organisée qu’elle induit, notamment le trafic d’êtres humains, a toujours été une question clé au sein des institutions de l’UE et des initiatives dans le domaine social et culturel. Le thème de la migration illégale a pris un caractère d’urgence dans les pays de l’UE sous l’effet de plusieurs facteurs parmi lesquels on peut citer l’accentuation des préoccupations sécuritaires consécutive aux attaques terroristes ayant visé les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et l’Espagne, les débats sur l’efficacité des modèles multiculturalistes européens qui véhiculent parfois une certaine islamophobie, et surtout la crise économique après 2008. Dans plusieurs pays européens, cette période a été marquée par un déclin du niveau de vie et par un taux de chômage atteignant des niveaux jamais observés depuis les années 1930. Dans ce contexte, les migrants économiques des États méditerranéens arabes – musulmans pour la plupart – ont logiquement été pris comme boucs émissaires des problèmes et de l’insatisfaction de la population européenne, situation face à laquelle les États membres et l’Union européenne se devaient de réagir (Brtnický, 2016).


D’après les chiffres de 2013, on dénombrait alors dans les États membres de l’UE 23 millions d’immigrants originaires de territoires hors UE. Parmi ces personnes, 9,3 millions viennent de pays voisins, soit près de 40 % du nombre total d’immigrants originaires de pays tiers, et environ 70 % de cette population sont originaires du sud, en particulier des pays méditerranéens arabes et de Turquie (Fargues, 2013: 5). Le bassin méditerranéen méridional et oriental est assurément l’un des plus importants foyers de migration vers l’UE, et cet état des choses va sans aucun doute perdurer dans les années à venir. La migration illégale va certainement être accentuée par la désintégration de l’autorité de l’État en Libye et par une évolution bien moins radicale mais similaire en Tunisie et en Égypte. Le conflit en Syrie a également un impact significatif à cet égard. D’après les données des Nations Unies de septembre 2013, plus de deux millions de personnes ont fui la Syrie pour rejoindre les pays voisins et sont contraintes de vivre dans des conditions très précaires en Iraq, en Jordanie, au Liban et en Turquie (Agence des Nations Unies pour les réfugiés, 2013). Un grand nombre d’entre elles cherchent à entrer illégalement dans les États membres de l’UE, en particulier en Italie et, par voie terrestre, en Bulgarie et en Grèce. La région méditerranéenne arabe n’est pas seulement une source de migration, c’est aussi une importante voie de transit pour les migrants illégaux en provenance de pays d’Afrique subsaharienne et d’Asie centrale et du sud, ce qui accentue la pression migratoire vers le nord (c’est-à-dire l’UE) (Brtnický, 2016).

 

Dix ans plus tard, au 1er janvier 2023, 27,3 millions de ressortissants de pays non membres résidaient dans un État membre de l’UE, soit 6,1 % de la population de l’Union. Cela représente une augmentation de 3,5 millions par rapport à l’année précédente. En outre, 13,9 millions de personnes vivant dans l’un des États membres de l’UE au 1er janvier 2023 étaient des ressortissants d’un autre État membre de l’Union. En chiffres absolus, les États membres de l’UE où vivaient le plus grand nombre de non-nationaux au 1er janvier 2023 étaient l’Allemagne (12,3 millions), l’Espagne (6,1 millions), la France (5,6 millions) et l’Italie (5,1 millions). Les non-nationaux dans ces quatre États membres représentaient collectivement 70,6 % du nombre total des non-nationaux vivant dans l’UE, tandis que les mêmes quatre États membres regroupaient 57,9 % de la population de l’Union. En chiffres relatifs, l’État membre de l’UE ayant la part la plus élevée de non-nationaux au 1er janvier 2023 était le Luxembourg, où les non-nationaux représentaient 47,4 % de la population totale. Des proportions élevées de ressortissants étrangers (plus de 10 % de la population résidente) ont également été observées à Malte (25,3 %), à Chypre (19,9 %), en Autriche (18,8 %), en Estonie (17,3 %), en Allemagne (14,6 %), en Irlande (14,4 %), en Lettonie (13,9 %), en Belgique (13,5 %), en Espagne (12,7 %) et au Danemark (10,5 %). À l’inverse, les non-nationaux représentaient moins de 3 % de la population en Roumanie (1,1 %), en Slovaquie (1,1 %), en Pologne (1,2 %), en Bulgarie (1,3 %), en Croatie (1,8 %) et en Hongrie (2,4 %) (Eurostat, 2024).

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