Rapport Financiers Éveillés

Le localisme, levier de la transition écologique

La finance n’est pas l’ennemie. Elle est un moyen, et un puissant moyen, de la réalisation de projets. Elle peut contribuer à l’autonomie d’un pays, d’une région. Et elle donne tout son sens à l’argent et à la gestion de capitaux quand elle contribue à créer les conditions d’une vie meilleure.

La finance sert les intérêts de ses clients, elle est soumise à leurs exigences. Elle a le pouvoir qu’ils lui donnent. Aux Français, aux Européens qui épargnent et investissent d’exiger des banques, des sociétés d’assurance, des sociétés de gestion, qu’elles fassent leur priorité de financer l’activité locale, la qualité territoriale, une Europe et une France vivantes, saines et belles.

Il y a neuf ans, je rédigeais pour le Commissariat au Développement durable un rapport intitulé : « Financer des territoires robustes et une société résiliente ». Je suis heureux aujourd’hui de présenter ce rapport du groupe des Financiers Éveillés, sur un sujet essentiel pour réconcilier les Français et les Européens avec une activité souvent décriée, mais décisive pour notre avenir et notre projet national.

Hervé Juvin, Président de la Fondation Identité et Démocratie

Résumé

La crise sanitaire, survenue en 2020, a mis brutalement en évidence les carences — et la fragilité — d’un modèle d’organisation économique et sociale trop peu soucieux de l’échelon local, de l’économie des ressources, de la diversité biologique et humaine, et pour cela, soudain comme frappé d’obsolescence. La pandémie est une crise de la mobilité, elle met en évidence les dommages causés par la chute des frontières et par la finance globale.

Face aux enjeux considérables liés à la conversion d’un modèle de production et de consommation linéaire devenu insoutenable vers une organisation plus soucieuse des équilibres naturels, la question de la mobilisation des outils de financement est capitale.

L’enjeu n’est pas mince. S’il s’agit de préserver les conditions favorables à la vie humaine sur cette planète, il s’agit aussi de rendre son sens à l’argent, à la gestion de capitaux, et à cette discipline essentielle qu’est la bonne allocation de l’argent pour obtenir les effets concrets les plus souhaitables — des effets qui ne peuvent plus se limiter à un rendement financier, aussi élevé soit-il. En d’autres termes, nous approchons du moment où les rendements extra-financiers d’un placement seront plus importants et plus décisifs que son rendement financier.

Ce rapport souhaite mettre en évidence les logiques sous-jacentes au cœur du financement de la transition écologique, des relocalisations, et les changements profonds qu’elles apportent dans les modèles économiques des acteurs opérant, en particulier, dans les domaines les plus stratégiques, ceux de l’énergie, de l’agro-industrie et de la santé.

Ces tendances ont en commun de favoriser, dans de nombreux aspects, la valorisation de l’ancrage territorial, la promotion de l’autonomie locale et le respect de la biodiversité, comme de la diversité des sociétés humaines. Autant de facteurs que l’on peut rassembler sous le vocable de localisme.

Un localisme qui n’est en rien un repli sur le territoire, mais un appui sur le territoire, ses singularités et ses ressources propres, un mouvement dont les ressorts sont économiques et technologiques, ce qu’illustrent notamment les possibilités offertes par les outils digitaux. Un mouvement qui doit déterminer les évolutions politiques et réglementaires des prochaines années.

Alors que les outils de financement traditionnels, opérant à un échelon national dans un cadre européen jugé trop contraignant, comme les modèles d’allocation globalisée, peinent à satisfaire une demande de sens et de proximité, il faut engager une réflexion exigeante sur les systèmes et produits financiers allant dans le sens d’une épargne locale, dédiée, traçable, véritable levier de la transition écologique et de la relocalisation.

Il faut étudier les incitations qui éviteront à la sphère financière les obligations qui s’imposeront si elle se montre incapable de financer l’urgente transition écologique.

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