Les économistes éveillés
Réflexions sur une approche intégrale de l'investissement
Il n’a jamais été autant question de « redonner du sens » à ce que l’on fait. Si bien qu’aujourd’hui, rares sont ceux qui ne souhaitent ardemment une réforme du système économique et financier plus juste et « inclusif ». Il serait en effet grand temps de mettre un terme définitif aux disparités économiques et sociales excessives qu’un système si manifestement inégalitaire aurait engendrées. Quelles que puissent être les moyens employés, il semble grand temps de tourner le dos aux désastres qu’un ordre hâtivement jugé libéral ou néolibéral a suscités.
Et, à l’orée du XXIème siècle, après les crises qui se sont succédé à un rythme soutenu, il est certain que la finance, au sens large, souffre de ce fait d’une image dégradée, quand elle ne fait pas l’objet d’une franche détestation.
Pourtant, cette défiance à l’égard de la sphère financière est paradoxale car elle est à la mesure des attentes légitimes qui se portent confusément sur elle. De crise en crise, de celles des subprimes à celle du Covid, en passant par celle de l’euro, il apparaît qu’un enchaînement de catastrophes se poursuit invariablement, mettant en évidence des formes de démesure et des logiques qui semblent se nicher au cœur même d’un « système devenu fou ».
Et, au cœur de ce système, le financier prospère, quoi qu’il arrive, et son apparente insolence renforce l’exaspération du corps social vis-à-vis de cette catégorie d’acteurs qui sont tenus pour responsables de cette fonction essentielle à la communauté qu’est la gestion de l’épargne.
Et si cette exaspération est forte, c’est que le sentiment d’une dignité particulière qui s’attache à la mission de l’investisseur demeure présent à l’esprit du grand nombre. Plus encore, cette responsabilité de l’investisseur est perçue comme d’autant plus grande que le pouvoir de la sphère financière n’a cessé de s’accroître à la faveur des bouleversements technologiques et réglementaires qui ont affecté le monde ces dernières décennies.
Le public, fût-il peu averti en matière de finance, sait bien confusément que cette financiarisation des circuits économiques, et des esprits, est une réalité. Il devine que les montants pharaoniques annoncés par les banquiers centraux lorsqu’il s’agit périodiquement de « sauver le système » ont quelque chose de démesuré, et que l’explosion de la masse monétaire a quelque chose d’anormal.
Il le sait tout comme il sait aussi qu’il est de la responsabilité des financiers, unis dans une vaste chaîne qui relie son conseiller clientèle à Christine Lagarde, de gérer son épargne et d’organiser son circuit en assurant le dynamisme de l’ensemble.
Il sait enfin que chaque euro investi est un euro qu’il a fallu épargner et une consommation à laquelle il a fallu renoncer. De cette réalité fondamentale, le petit porteur, le salarié, le père de famille comme l’entrepreneur sont éminemment conscients et cependant, il est rare qu’ils arrêtent leur réflexion sur la figure de l’investisseur, pourtant centrale.
Étude réalisée par le cabinet Orgon Conseil & Holding
Étude publiée par la Fondation Patriotes pour l’Europe