La politique énergétique de la Hongrie

Du changement de régime de 1989 à Victor Orbán

Le marché européen de l’énergie voulu par la Commission, sous la tutelle de forcenés du libre échange, de la concurrence et du marché, est un échec. Échec que les contrats à court terme qui livrent les fournitures d’énergie aux mouvements erratiques du marché et aussi à la spéculation financière sur les contrats à terme ; échec que l’abandon du nucléaire, sous la pression d’une Allemagne qui contamine le reste de l’Europe de ses phobies infantiles; échec plus encore que l’imposition artificielle de la concurrence sur des monopoles naturels et dans des domaines aussi stratégiques que l’énergie.

Depuis le début de l’automne 2021, la crise énergétique qui frappe les économies européennes a déjà provoqué des flambées de prix, des arrêts d’usines et des pénuries de marchandises. Les télévisions publiques allemande et autrichienne ont même diffusé une série de clips expliquant à la population les gestes à effectuer en cas de coupure de chauffage cet hiver. Ne manquant jamais une occasion d’exploiter politiquement les faiblesses ouest-européennes, Viktor Orbán profite de ce climat de tension pour louer les résultats de sa politique énergétique et affirme haut et fort que les Hongrois n’auront pas à payer le prix de cette crise, contrairement, selon lui, à d’autres pays en Europe qui subissent déjà les conséquences des conceptions et des choix erronés de leurs gouvernements en matière de politique énergétique. Nageant à contre-courant des standards européens, la Hongrie a en effet depuis 2012 une politique de réglementation des prix des frais énergétiques pour le logement et ne laisse aucune place aux considérations idéologiques lorsqu’il est question de son approvisionnement énergétique. Le marché européen unique de l’énergie – que même Bruno Le Maire qualifie d’obsolète – battant de l’aile, le gouvernement hongrois n’aura pas éprouvé la moindre gêne à assumer fièrement, en septembre 2021, la signature d’un contrat gazier de 10+5 ans avec le géant énergétique russe Gazprom.

« En Hongrie, l’approvisionnement énergétique n’est pas une question politique, mais une question de sécurité et de souveraineté. »

Péter Szijjártó, ministre des Affaires étrangères hongrois, le 27 septembre 2021

Cette hétérodoxie économique et ce primat absolu accordé à la sécurité énergétique ont notamment permis aux Hongrois ne pas subir l’envolée des prix du gaz en 2021, alors que depuis le 15 novembre un plafond maximum des prix du carburant à la pompe est garanti par le gouvernement pour trois mois. La politique du gouvernement hongrois en matière énergétique détone si on la compare à celle de ses partenaires européens. Viktor Orbán en a fait un pilier sur lequel il ne transige jamais, car il sait que cette politique doit rester un élément majeur de son identité politique dans le contexte post-communiste, et qu’elle est sans doute la voie la plus raisonnable à suivre pour ne pas avoir à subir la relative faiblesse des attributs géographiques, stratégiques et géologiques avec lesquels doit composer la Hongrie.

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