Médias et libertés de la presse en Europe centrale et orientale - Les cas hongrois et polonais

La Hongrie et la Pologne font régulièrement l’objet de critiques relatives à la liberté de la presse.

Depuis le retour au pouvoir de Viktor Orbán en 2010 et la victoire du parti Droit et Justice (PiS) en 2015, la Hongrie et la Pologne font régulièrement l’objet de critiques relatives à la liberté de la presse de la part des médias et des gouvernements occidentaux, des institutions européennes et des organisations non-gouvernementales. La liberté de la presse serait en danger dans ces pays. Le pouvoir politique y tiendrait et y contrôlerait les médias d’une main de fer.

Face à ces critiques permanentes et de plus en plus sévères, la Hongrie et la Pologne font front ensemble. Arguant d’un destin partagé et d’un goût pour la liberté développé sous le joug du communisme pendant près d’un demi-siècle, la Hongrie et la Pologne tentent de défendre leur singularité et se plaisent à afficher des valeurs communes. L’amitié polono-hongroise plonge ses racines jusque dans les liens entre les familles Jagellon et Báthory au XVIe siècle, dans la révolution de 1848 ou encore dans la détermination anti-soviétique de 1956.

Elle est aujourd’hui mise à rude épreuve : la mise en place d’un mécanisme lié à l’état de droit se confirme et un Media Freedom Act devrait être présenté par la Commission européenne en 2022, alors que la fin du vote à l’unanimité au Conseil de l’Union européenne est un sujet de moins en moins tabou. Budapest et Varsovie redoublent de solidarité et répondent aux critiques par des arguments et des lignes de défense globalement similaires.

Jamais l’Union européenne n’avait fait montre d’autant de divisions internes et d’incapacité à comprendre et à digérer sa propre histoire. Il devient en effet évident que ce sur quoi bute l’Union européenne n’est autre que la difficulté à faire coexister l’Europe occidentale et l’Europe post-communiste. Mais en a-t-elle réellement la volonté et la vocation ?

En matière de liberté de la presse, beaucoup de slogans et d’invectives ont été lancés de part et d’autre. Les machines médiatiques se sont emballées et les officines politiques s’en donnent à cœur joie dans ce conflit entre Bruxelles, Budapest et Varsovie. Hélas, il est rare que du crédit soit accordé à la situation réelle des médias en Hongrie et en Pologne. Le fait que la Slovénie ait récemment rejoint cet « axe du mal » devrait pourtant encourager les journalistes ouest-européens à aller sur le terrain de la compréhension des fractures actuelles par une étude des particularités historiques de ces pays. Très peu d’efforts sont faits en ce sens, et la compréhension qu’ont les Occidentaux à l’égard de l’Europe post-communiste reste éminemment limitée.

C’est pourtant dans ces particularités post-communistes que doivent être recherchées les raisons de beaucoup de conflits actuels. Pourquoi, en effet, s’efforcer à ne pas comprendre que des pays dans lesquels l’information était centralisée et tenue par des partis uniques jusqu’en 1989 sont encore, plus de trente ans plus tard, marqués par ce passé ? Dès les années 1990, quand un engouement s’est emparé du continent européen pour l’intégration de ces pays dans le club des nations « libres et démocratiques », la prise en compte des facteurs de singularité de cette région manquait déjà cruellement à l’appel.

À bien des égards, les tensions actuelles sont le résultat de ce péché originel commis au lendemain de la chute du mur de Berlin. Mais la construction européenne est-elle un processus pouvant se permettre de s’encombrer de la compréhension de telles singularités historiques ?

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