Afrique sud-saharienne : L’Europe face au risque islamiste

L’Europe est directement confrontée au risque de l’islamo-jihadisme

Elle l’est à la fois de l’intérieur, comme de récents attentats l’ont tragiquement montré. Elle l’est également en écho-contagion d’événements extérieurs, notamment ceux qui se déroulent en Afrique sud-saharienne.

Cette région actuellement embrasée n’est située qu’à une dizaine d’heures d’avion de l’Europe, dont elle constitue en quelque sorte l’arrière-cour. C’est donc au bénéfice de toute l’Europe que l’armée française y intervient dans le cadre de l’Opération Barkhane.

Or, combattre le risque islamiste sud-saharien implique d’en connaître les ressorts et donc de ne pas nous en tenir à l’écume des informations. Voilà pourquoi, à la différence des approches construites sur l’immédiat et sur la seule description des événements, la méthodologie de ce rapport est ancrée sur les constantes géo-historiques régionales. C’est seulement ainsi que l’Europe pourra se protéger.

Cet islamo-jihadisme n’est pas né d’une génération spontanée

La première réalité qu’il importe d’avoir à l’esprit est que cet islamo-jihadisme n’est pas né d’une génération spontanée. Il s’inscrit en effet dans un continuum de conflictualité de longue durée dont il use avec opportunisme, utilisant les contradictions, les oppositions et les fractures régionales nées de la géographie et de l’histoire.

Depuis des siècles, dans tout l’immense Sahel, les populations pastorales nomades nordistes et agropastorales sédentaires sudistes sont en compétition pour le contrôle des zones intermédiaires situées entre le désert du nord et les savanes du sud, les premiers razziant périodiquement les seconds. À cette donnée essentielle s’ajoute l’affirmation d’une constante islamique radicale multiséculaire, paravent idéologique cachant des intérêts économiques ou politiques.

À ces causes anciennes constituant le soubassement de la question, s’ajoutent trois grandes nouveautés contemporaines. La région sahélienne est en effet devenue :

Le carrefour des trafics (drogue, migrants, etc.) entre l’Afrique sud-saharienne et l’Europe.
Le point de jonction des foyers terroristes régionaux et de ceux de Libye.
Une terre à prendre en raison de ses matières premières (uranium, fer, pétrole, etc.).
Avec, en arrière-plan, à la fois une suicidaire explosion démographique provoquant un phénomène d’extension des terres arables aux dépens des pâturages, une surexploitation des puits et une accélération du phénomène d’assèchement. La conséquence en est une accentuation de la tension entre agriculteurs et pasteurs, opportunément utilisée par les islamo-jihadistes.

Ces données, qui se retrouvent de l’Atlantique à l’ouest jusqu’à l’océan Indien à l’est, font de la région un archipel de conflits en relation directe avec la façade méditerranéenne de l’Afrique, à travers les antiques voies suivies par les caravanes transsahariennes, donc en vis-à-vis direct de l’Europe du sud.

Rapport de conférence de Bernard Lugan

Rapport publié par la Fondation Patriotes pour l’Europe

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