La peste californienne

Lors du déclin puis de l’agonie de l’Union soviétique, les effluves toxiques de ce grand malade empoisonnèrent l’Europe d’abord, puis le monde : léninisme putréfié (anti-impérialisme) ; symptôme d’un retour en enfance et gâtisme agonique : idéologie proto-terroriste communiste combattante (Brigades rouges, etc.) ; enfin transparence – Glasnost. Aujourd’hui — mêmes causes, mêmes effets — des émanations toxiques, débris d’une French theory massacrée par une néo-inquisition, nous viennent des États-Unis en dégénérescence — au moins sociétale.

Lors d’une réunion du secrétariat du Comité central du PCUS, dit-on, un dirigeant soviétique annonce qu’« il y a un problème ». Sur quoi un Staline glacial répond : « En général, les problèmes ont un prénom et un nom ». Ambiance. Aujourd’hui, la nouvelle toxine idéologique vient de Californie. Son foyer original a un nom : Silicon Valley ; à son pouvoir de propager et d’infecter, nous donnons celui de peste californienne.

« Une vie dominée par la cybernétique » (en 1966, déjà…)

Qui s’est extrait de la « sphère des évidences courantes » (concept phénoménologique) n’est pas surpris de la domination des « titans du tech » car il connaît cette prophétie, faite voici cinquante-cinq ans :

« Méditons sur le phénomène du gouverner, justement devenu aujourd’hui, à l’ère de la cybernétique, si fondamental qu’il met en cause et détermine toutes les sciences de la nature et le comportement de l’homme… Que les sciences de la nature et notre vie soient aujourd’hui dominées dans une mesure croissante par la cybernétique n’est pas un hasard, mais est prédéterminé dans l’histoire de la naissance de la science et de la technique modernes. »

Introduction – Autoroutes de l’information : les canonnières de 2025

Peste californienne : trouvez-vous exagérée notre entrée en matière ? Lisez ce qui suit. Car, pour la première fois dans l’histoire du monde moderne, un anarchisme s’appuie sur de très gros bataillons. À vrai dire, les plus énormes.

Voici les canonnières de 2025. Celles de cette néo-colonisation sont subtiles, silencieuses — bien plus efficaces pour mater l’indigène. Véritable système nerveux de la société de l’information, 430 câbles sous-marins bourrés de fibres optiques relient dès aujourd’hui l’Europe au monde. Mais toujours plus, les pays d’Europe, impécunieux et peu férus d’indépendance nationale, renâclent devant les lourds investissements qu’entraîne ce câblage et laissent faire les GAFAM : dans l’axe Europe-États-Unis, le besoin de connectivité double tous les deux ans et en 2021, un câble transatlantique de ± 7 000 km coûte de 250 à 300 millions de dollars US.

Demain (2025), 95 % de ces câbles appartiendront aux GAFAM : de par le globe, Google en a déjà 15, Facebook, 12, Microsoft et Amazon, 5 chacun. Dès 2022, cela fait 80 % de la bande passante subatlantique ; 90 % des liaisons intercontinentales d’Internet et de la téléphonie mobile.

De 2017 à 2020, Google a dépensé 47 milliards de dollars US pour son infrastructure (data centers, câbles, etc.) ; à cinq, les GAFAM jouissent ainsi d’une « mainmise quasi-absolue sur les données » qu’ils gèrent. D’apparence, un gentil sirop-Bisounours : les deux premiers câbles GAFAM arrivant en France se nomment Dunant (fondateur de la Croix-Rouge) et Amitié ; à eux seuls, une capacité supérieure à tous ceux du même axe. Là-derrière, bien sûr, la féroce volonté de contrôle des GAFAM sur la discussion planétaire.

Demain, tel dirigeant politique européen fâchera-t-il quelque obscur conformity officer d’un GAFAM, pratiquant la cancel culture ? Le voilà débranché, sourd et muet. Twitter a fait le coup à un président américain en exercice — se gênera-t-il pour un politicien de quelque bantoustan d’Europe ?

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