Chine, Inde et Pakistan :
amis ou ennemis ?
Les trois États régionaux que sont la Chine, l’Inde et le Pakistan entretiennent des relations complexes. L’Inde et le Pakistan se sont livrés à trois guerres (1948, 1965 et 1999) au sujet du Jammu-et-Cachemire et à une guerre en 1971, qui a abouti à la division de l’aile orientale du Pakistan, laquelle a conduit à la création du Bangladesh. L’Inde et la Chine, quant à elles, se sont fait la guerre en 1962 à propos du conflit de l’Aksai Chin. De même, les deux pays ont un différend bilatéral sur l’État d’Arunachal Pradesh. En outre, malgré des stratégies militaires relativement symétriques dans l’océan Indien et sur les armes nucléaires, l’équilibre des forces militaires global et à plusieurs niveaux qui en découle n’aboutira probablement pas à une paix solide, mais au moins à la stabilité entre l’Inde et la Chine. Le commerce bilatéral entre l’Inde et la Chine a fortement augmenté au cours des quinze dernières années, passant de 3 milliards de dollars à 70,50 milliards de dollars.1 Ces tendances soulignent la nature paradoxale des relations entre les trois pays. Toutefois, cette situation est également soulignée par l’interconnexion et l’enchevêtrement des intérêts de l’Inde, de la Chine et du Pakistan, notamment sous la forme d’un engagement économique et commercial entre l’Inde et la Chine, la Chine et le Pakistan, ainsi que par la crainte d’une perte de position dominante entre l’Inde et le Pakistan dans le cadre d’une guerre totale ou d’une guerre limitée.
La Chine met un point d’honneur à rester neutre sur les différends qui opposent actuellement l’Inde et le Pakistan. Toutefois, elle a indiqué à plusieurs reprises son intérêt primordial pour la stabilité régionale, notamment en raison de la lutte du Pakistan contre les groupes terroristes tels que l’État islamique, Al-Qaïda, le Tehrik-e-Taliban Pakistan et le Parti islamique du Turkestan, et de son engagement à fournir toutes les mesures de sécurité nécessaires pour le CPEC. Ces organisations terroristes font peser des menaces asymétriques non seulement sur la sécurité intérieure du Pakistan, mais aussi sur celle de la Chine, en particulier dans sa province orientale du Xinjiang. En septembre 2016, après les attentats d’Uri, alors que la crise entre le Pakistan et l’Inde était grave en raison des allégations indiennes selon lesquelles le Pakistan avait lancé des attaques contre une base militaire au Cachemire indien (la partie Sud du Cachemire, dans l’État indien du Jammu-et-Cachemire), le ministère chinois des Affaires étrangères a déclaré qu’il déployait de multiples canaux pour communiquer avec l’Inde et le Pakistan pendant la crise. Le ministère chinois des affaires étrangères a commenté cette communication en ces termes : « Nous espérons que l’Inde et le Pakistan seront en mesure de mieux communiquer, de gérer correctement leurs différends et de travailler ensemble au maintien de la paix et de la sécurité dans la région […] La Chine espère que les deux pays pourront régler correctement leurs différends [par] le dialogue et la consultation et améliorer leurs relations bilatérales, renforcer la coopération dans divers domaines et travailler ensemble à la paix, au développement et à la stabilité de la région ».
Étude publiée par la Fondation Patriots for Europe