L'aire indo-pacifique, une retrospective historique

Indes légendaires et céleste emprire

On sait désormais que de mul0ples migrations et d’intenses échanges commerciaux et culturels ont eu lieu depuis des millénaires à travers l’immense zone indo-pacifique qui s’étend de l’Afrique orientale et de l’Asie du Sud jusqu’aux Amériques. Les premiers homo sapiens partis des rivages africains semblent avoir atteints l’Inde puis l’Asie du sud-est il y a au moins soixante-quinze mille ans. Les traces les plus anciennes de peuplement en Papouasie par exemple remontant à plus de cinq-cents siècles mais depuis des millénaires les Empires chinois et indiens, alors les superpuissances de la planète, ont étendu, par le commerce et les expéditions navales leurs influences poli0ques et culturelles sur les terres qui conservent les noms d’Indochine et d’Indonésie et qui reviennent peu a peu dans l’orbite de ces deux grandes puissances au sein d’une communauté con0nentale et pélagique. A l’Occident l’Inde renoue ses liens étroits et séculaires avec les pays de la péninsule arabe et des na0ons riveraines de l’océan Indien où la roupie d’argent était la principale monnaie d’échange même sous la souveraineté britannique.

L’Afrique se retourne vers l’Asie.

L’hydrosphère indo-pacifique compte pour un 0ers de la surface de la Terre. L’archipel indonésien constitue une barrière percée de plusieurs brèches reliant le Pacifique et l’océan Indien qui se confondent entre Australie et Antarctique. Durant des siècles, dans l’esprit des européens la « mer Érythrée », comme les grecs la désignaient est longtemps restée un domaine presque mythique borné par l’Arabie heureuse, le Royaume éthiopien du Prêtre Jean et les Indes. On y situait des îles paradisiaques aux fruits d’or et d’argent et même, selon certains le Jardin d’Eden que des navigateurs arabes avaient cru trouver à Ceylan. Au delà les légendaires empires de Cathay et de Cipango faisaient rêver les explorateurs et les marchands.

Conquête européenne et rivalités pour l’hégémonie

Il est intéressant de rappeler que dès le début du XIVème siècle le vénitien Marino Sanudo Torsello soumit au pape Clément V (celui-là qui abolit l’ordre du Temple) dans le Liber Secretorum Fidelium Crucis un projet de conquête de l’océan Indien pour prendre à revers par l’Égypte les ennemis musulmans établis en Terre Sainte. A l’époque ce plan ambitieux pour un nouvel itinéraire de croisade ne fut pas suivi d’effet mais influença les puissances mari0mes du continent où les légendes antiques et l’appétit pour les épices, l’or et les pierres précieuses attisaient le désir d’atteindre les Indes où divers missionnaires italiens et francs s’étaient rendus. Cependant, les états turcs et mamlouks du Levant barraient la route en Méditerranée et rendirent les voies terrestre encore plus impraticables après la chute de l’Empire byzan0n en 1453 aux mains des Ottomans.

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