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AVRIL 2023. Lettre Diplomatie & Défense
Arabie saoudite : vers une politique étrangère apaisée ?
Coup de tonnerre dans le Golfe : le 10 mars, sous les auspices de la Chine, l’Arabie etl’Iran ont accepté de reprendre leurs relations diplomatiques, rompues depuis 2016.Devenue le courtier obligé du Golfe en l’absence notable des Etats-Unis, la Chinefavorise de nouvelles puissances régionales émergentes.
Cette vision stratégique rejoint pleinement celle de l’Arabie Saoudite : après undémarrage confus et mouvementé (2015-2020), marquée à la fois par une politiquede mise au pas des clans à l’intérieur et de guerre au Yémen, soit un succès brutal etun échec sanglant, le leadership saoudien s’est engagé dans de nouvellesorientations stratégiques de sa politique étrangère : l’accent mis sur ledéveloppement économique (Vision 2030) rend obligatoire une politique étrangèred’apaisement.
Dans cette perspective, la Chine était le seul courtier possible. La Russie estaccaparée par sa guerre en Ukraine et les États-Unis ont montré une incroyableincapacité, ailleurs qu’en Europe, à prendre les devants et à conserver leurs alliésdans leur orbite. Là où la politique étrangère américaine conduit à des affrontementspermanents – contre l’Iran et ses mandataires régionaux, la Russie et la Chine –, sansproposer pour autant d’engagements plus forts (notamment militaires) et fairepreuve de flexibilité (sauf peut-être avec l’Inde), la Chine s’est présentée comme leseul intermédiaire honnête.
Première étape : l’Iran
Il est évident que l’accord saudo-iranien – le rétablissement des relationsdiplomatiques rompues en 2016 après que la population iranienne a pris d’assautl’ambassade saoudienne après l’exécution de l’éminent religieux chiite Cheick Nimral-Nimr – n’aidera pas à résoudre des divergences plus profondes, telles que lacourse iranienne à la Bombe, la production de missiles balistiques et leur diffusiondans la région, et le soutien des proxies iraniens (à Bahreïn, en Irak, au Liban, enSyrie et au Yémen) : ces épines irritantes resteront et pourraient, de temps à autre,entraîner des tensions entre les deux pays. Aucune des deux parties ne s’attend à unrèglement de fond mais à un apaisement de forme à durée incertaine. Les deuxdiplomaties ne sont en effet pas si naïves au point de penser que l’accord négociépar la Chine est une sorte de baguette magique effaçant des régimes différents auxambitions divergentes.
Sommaire
GOLFE
- Arabie saoudite : vers une politique étrangère apaisée ?
- EAU : MbZ nomme son fils aîné comme Prince héritier
- Liban & Israël : accord déterminant sur la ZEE
EUROPE
- Grèce: à la veille des élections du 21 mai, un redressementincontestable due à Mitsotakis
- Italie: une diplomatie dynamique de partenariats stratégiques
Défense
- AUKUS : 5 fois plus cher et 2 fois plus long que l’accord avec laFrance
- Allemagne: effervescence des débats de défense
- Economie de guerre en Europe : est-elle soutenable dans ladurée ?