Patriotes en Europe : la progression malgré la repression

Le week-end du 18 mai 2025 a été marqué par trois scrutins majeurs en Europe : les législatives au Portugal, le second tour de la présidentielle en Roumanie et le premier tour de la présidentielle en Pologne. Dans sa chronique pour Ligne Droite, Raphaël Audouard analyse la progression significative des partis patriotes dans ces pays, dans un contexte de recomposition idéologique et de résistances institutionnelles.

Ecoutez l’analyse complète de Raphaël Audouard ci-dessous: 

Un week-end électoral marqué par l’élan patriote

Au Portugal, le parti Chega a confirmé sa percée avec un score impressionnant de 22,5 %, talonnant les socialistes (23 %) et la droite modérée (32 %). En Roumanie, George Simion, chef de file de l’Alliance pour l’Union des Roumains (AUR), a frôlé la victoire au second tour avec 46 % des suffrages, un score sans précédent pour un candidat patriote dans ce pays. En Pologne, les conservateurs du PiS ont réalisé 29,5 %, tandis que les partis nationalistes comme Konfederacja (15 %) et Grzegorz Braun (6 %) confirment leur ancrage. Cette montée en puissance des forces patriotes traduit une recomposition politique majeure en Europe de l’Est et du Sud.

 

La Roumanie, théâtre d’une mobilisation anti-patriote massive

Le cas roumain est emblématique. Au premier tour, George Simion avait rassemblé près de 40 % des suffrages, et l’exclusion de plusieurs figures patriotes, dont l’ancien favori Georgescu, laissait entrevoir une crise politique profonde. Les deux partis de gouvernement (libéral et social-démocrate) avaient été éliminés dès le premier tour, laissant Simion seul face à un candidat technocrate soutenu par le système.

 

Mais entre les deux tours, une mobilisation inédite a inversé la dynamique. La participation a bondi de 11 points, signe d’une réaction de l’establishment. Médias, grandes entreprises, ONG, et même certaines églises ont lancé des appels directs ou indirects à « faire barrage » à Simion. La diaspora roumaine, habituellement favorable aux patriotes, a cette fois été fortement influencée par les campagnes alarmistes sur une possible rupture avec l’Union européenne. Malgré cela, le score de Simion reste historique, notamment auprès de la jeunesse roumaine.

 

Une opposition patriote consolidée face à un système de plus en plus répressif

En Pologne, l’issue du second tour s’annonce très serrée. Le pays est aujourd’hui politiquement divisé à parts égales entre la coalition libérale-progressiste au pouvoir et le camp patriote et conservateur. L’enjeu est de taille : bien que le président polonais ait des pouvoirs limités, son droit de veto peut bloquer les réformes sociétales portées par les libéraux. Le résultat dépendra des reports de voix et pourrait marquer soit une consolidation du retour libéral, soit une reconquête par les forces patriotes.

 

Quant au Portugal, l’émergence de Chega comme troisième force politique bouleverse les équilibres. Le pays s’oriente vers un gouvernement de droite minoritaire soutenu de fait par la gauche, laissant Chega comme seule opposition réelle. Ce rôle d’opposant exclusif pourrait permettre au parti de continuer sa progression.

Dans l’ensemble, ces élections confirment l’émergence d’un nouveau clivage politique structurant : patriotes vs mondialistes, remplaçant l’ancien clivage gauche/droite. Sociologiquement, cette opposition recoupe des lignes de fracture profondes : classes populaires contre élites urbaines, jeunes contre vieux, périphéries contre grandes villes. Un clivage de genre émerge aussi, avec une polarisation croissante entre jeunes hommes et jeunes femmes.

Mais cette montée des forces patriotes s’accompagne d’un durcissement inquiétant de la répression. En Roumanie, l’interdiction de candidatures patriotes, la propagande médiatique coordonnée, les interventions d’acteurs étrangers et la mobilisation d’acteurs économiques et religieux marquent une dérive autoritaire du système. En Pologne, la reprise en main des médias publics par les libéraux illustre cette logique de verrouillage. La tentation de l’interdiction, de la stigmatisation et de la censure gagne du terrain, signe que le système redoute la montée inexorable de l’alternative patriote.