Et si l’Inde était le grand partenaire stratégique oublié de l’Europe ?

03 juin 2025

Face à l’impuissance stratégique de Bruxelles, Thierry Mariani appelle à bâtir un partenariat souverainiste entre l’Europe et l’Inde de Narendra Modī. Il y voit une alliance fondée sur l’identité, la stabilité, la technologie et la lutte contre les menaces islamistes.

L’Europe traverse une crise de stratégie et de vision. Entre affaiblissement industriel, crise migratoire, tensions géopolitiques et menaces sécuritaires, elle doit repenser ses alliances extérieures.

Dans ce contexte, l’Inde se présente comme un partenaire stratégique incontournable, mais jusqu’ici trop peu considéré. Or, les dynamiques à l’œuvre à New Delhi, notamment depuis l’arrivée au pouvoir de Narendra Modī, offrent à l’Europe une opportunité unique de construire un partenariat entre des nations souveraines, stables, enracinées dans leur identité, partageant des intérêts économiques et stratégiques.

 Thierry Mariani en voyage d’étude en Inde février 2025 avec l’eurodéputé Tiago Moreira de Sá. 

L’émergence d’une puissance souveraine

Depuis 2014, l’Inde, sous la conduite de Narendra Modī, connaît non seulement une transformation économique spectaculaire, mais aussi une résurgence identitaire assumée.

Portée par le Bharatiya Janata Party (BJP), cette dynamique s’inscrit dans une volonté claire de redonner toute sa place à la civilisation indienne millénaire, à ses valeurs et à son autonomie stratégique. Cette renaissance culturelle et politique constitue le moteur de la réaffirmation de la souveraineté indienne sur la scène internationale.

Sous l’impulsion du BJP, l’Inde vit une transformation en profondeur. Des millions d’Indiens sont sortis de la pauvreté, le pays connaît une croissance soutenue, des percées technologiques majeures, une ambition industrielle assumée. Mais surtout, l’Inde affirme haut et fort son volontarisme géopolitique, sa souveraineté nationale, et son refus des injonctions du monde occidental.

La doctrine d »alignement multiple » (multi-alignment) permet à l’Inde de coopérer avec les BRICS tout en étant courtisée par les États-Unis, le Japon, l’UE et d’autres.

Ce pragmatisme stratégique est porté par l’idée que la souveraineté nationale et civilisationnelle est la condition d’une coopération féconde.

Dans le contexte des tensions sino-américaines, l’Inde se positionne en puissance d’équilibre du Sud global, réclamant un ordre mondial plus multipolaire et moins dominé par les normes occidentales.

L’UE a tout intérêt à saisir cette fenêtre de tir : la coopération indo-européenne peut constituer un pilier alternatif dans un monde multipolaire et un contrepoids à l’imprévisibilité américaine.

Le premier ministre indien Modi s’adressant aux militants à Srinagar

Un partenariat longtemps sous-exploité

Les relations entre l’Union européenne et l’Inde ne sont pas nouvelles : les premiers accords remontent à 1963. En 2004, un partenariat stratégique est officiellement signé, prévoyant une coopération sur le développement, la démocratie, le multilatéralisme, la sécurité.

Mais ce partenariat est resté lettre morte. Le plan d’action commun de 2005, comme les négociations de l’accord de libre-échange BTIA (suspendues depuis 2013), ont été plombés par les divergences profondes entre une Europe normative et une Inde pragmatique, souverainiste et défiant toute forme d’ingérence.

Aujourd’hui, l’Europe semble réviser sa stratégie. L’agenda stratégique 2024–2029 de l’UE met enfin l’accent sur la compétitivité, la décarbonation, la souveraineté technologique. L’Inde, avec sa capacité de production, sa jeunesse, ses compétences en cybersécurité et en numérique, et son positionnement géopolitique non aligné, peut être le partenaire idéal d’une Europe stratégique et affranchie.

Une convergence sur les enjeux clés : sécurité, islamisme, technologie

Sur le front sécuritaire, l’Inde fait face à des menaces similaires à celles qui pèsent sur l’Europe : terrorisme islamiste, pressions démographiques, menaces hybrides. Mais à la différence de Bruxelles, New Delhi assume une stratégie nationale forte, ferme, sans complexe, fondée sur l’unité et la souveraineté.

Dans le contexte de la radicalisation islamique mondiale, l’expérience indienne peut être précieuse pour les États européens.

Sur les plans économique et technologique, l’Inde est en passe de devenir l’une des premières puissances industrielles du monde. Des coopérations stratégiques se mettent en place : Alliance solaire, EU-India Technology Council, corridors logistiques comme l’IMEC (India-Middle East-Europe Corridor). Ces dynamiques doivent être intensifiées, car elles répondent aux intérêts fondamentaux de l’UE : souveraineté énergétique, décarbonation, relocalisations industrielles.

L’Europe doit sortir du moralisme pour bâtir des alliances

Le discours européen sur les valeurs, s’il est important, ne peut remplacer une stratégie claire fondée sur les réalités géopolitiques. La Patriots for Europe Foundation défend une autre vision : des coopérations bilatérales solides, fondées sur l’intérêt national et le respect des identités culturelles, plutôt que sur des idéaux abstraits déconnectés du terrain.

L’Inde n’a pas besoin de leçons de moral, elle a besoin de partenaires fiables.

Son attachement à la souveraineté, son volontarisme technologique, sa capacité à faire coopérer Sud et Nord en font un allié naturel pour les forces patriotiques européennes.

La conférence du 10 juin 2025, organisée au Parlement européen par la Patriots for Europe Foundation, en présence de Ram Madhav, Shazia Ilmi, Rohit Bansal et Ram Divedi, est une première pierre à l’édifice. Loin des incantations universalistes, nous voulons bâtir un partenariat de nations, sur la base de la souveraineté, de l’intérêt mutuel, et du respect civilisationnel.

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