Égypte - Émirats arabes unis :

Fers de lance contre l'islamisme dans le monde arabe.

Nous proposons dans ce rapport d’aborder dans un premier temps les révolutions arabes de 2011 et la façon dont elles ont impacté ces deux pays ou été appréhendées par eux ; puis, la position de l’armée égyptienne face aux Frères musulmans et la coopération avec les Émirats arabes unis ; la façon dont le Président Abdel Fattah Al-Sissi compte redresser son pays économiquement et idéologiquement face à la double menace du djihadisme et de l’islam politique des Frères musulmans, après avoir sévèrement démantelé et réprimé cette organisation en coopération étroite avec les Émirats, également alliés de l’Arabie saoudite, de la Russie, mais également de la France, de la Grèce et de Chypre face à la Turquie islamiste de M. Erdogan, soutenue par le Qatar dans le monde arabe, notamment en Libye ou en Méditerranée orientale ; et enfin les axes de coopération possibles ou déjà existants entre les pays européens précités et ces deux pays.

Et pour finir, les perspectives géopolitiques que nous envisageons à partir de 2021 au sujet de l’affrontement pour le leadership idéologique et politique dans la région entre l’Entente Égypte-Émirats arabes unis-Arabie saoudite et l’Axe turco-qatari-Frères musulmans. Son issue pouvant avoir des conséquences majeures pour l’avenir de la sécurité de l’Europe…

Le propos n’est pas ici de revenir dans les détails sur les origines historiques, les causes socio-économico-politiques ou encore sur le déroulement des mouvements révolutionnaires ou contestataires, avec une ampleur et une intensité très variables, qui ont touché de nombreux pays du monde arabe à partir de décembre 2010. Certains confrères ont déjà très bien expliqué avec précision le pourquoi et le comment de ces « révolutions », notamment le politologue et spécialiste de l’islam et du monde arabe contemporain, Gilles Kepel, dans son ouvrage Sortir du chaos, les crises en Méditerranée et au Moyen-Orient (Gallimard, 2018).

Dix ans plus tard, ce que nous pouvons dire, c’est que les « printemps des peuples » arabes, comme l’annonçaient dès 2011, avec un angélisme et un enthousiasme naïf certains observateurs et « experts », n’ont pas eu lieu. Le fameux « vent de l’histoire » s’est très vite transformé en tempêtes et ouragans, balayant au passage tous les espoirs d’une démocratisation rapide de la région. De fait, toutes les différentes transitions démocratiques furent un naufrage.

À l’époque néanmoins, peu d’analystes ont fait preuve de prudence. Et surtout, ils n’ont pas perçu les véritables causes de ces soulèvements. Pour résumer rapidement, et au-delà, encore une fois, des différences intrinsèques pour chacun des États en proie aux troubles, ainsi que du mimétisme du cas tunisien où tout commença, ce furent globalement moins des revendications politiques et démocratiques (pour une minorité de jeunes étudiants progressistes des capitales arabes et initiateurs des mouvements) que la misère endémique et un violent rejet de l’affairisme, du népotisme et de la corruption de la part de vieux systèmes dictatoriaux à bout de souffle (pour la grande majorité des manifestants) qui poussèrent les peuples dans les rues. C’est un point peu évoqué, mais qui aura toute son importance pour comprendre la suite des évènements…

Dès le début des révoltes, beaucoup avaient benoîtement appréhendé ces évènements avec le prisme de leur éthique et de leurs valeurs occidentales. Du fond de leurs microcosmes parisiens ou universitaires et aveuglés pour certains par leur idéologie, ils se sont alors lamentablement fourvoyés, balayant volontairement d’un revers de main le poids incontournable, au sud de la Méditerranée, des clans, des tribus, de l’islam et surtout de l’islamisme, mais également du traditionnel culte du chef (Zaïm) ou encore de la quasi-vénération du « Sabre » (l’armée) et de la Force, et enfin des profondes différences historiques, conjoncturelles et structurelles entre chaque pays touché.

Dès lors, le même scénario qu’en Iran en 1979 ou en Algérie dans les années 1990 se mit en place : devant l’absence d’émergence de leaders démocrates valables et d’organisations politiques tangibles, il était inévitable que ces mouvements soient très vite récupérés par des forces plus déterminées, mieux structurées et organisées. En l’occurrence, les Frères musulmans, financés par le Qatar et soutenus par la Turquie de M. Erdogan. Un temps, après l’illusion et le mythe des « groupes de jeunes démocrates, laïcs et progressistes », certains Occidentaux crurent même finalement à l’alternative politique de ces islamistes, toujours « vendus », par l’efficacité des communicants de Doha, comme « modérés » auprès des Occidentaux. Ce fut particulièrement le cas en Libye ou en Syrie…

Dès lors, les « Printemps arabes » se sont très rapidement transformés en « hiver islamiste » (victoires électorales des islamistes en Tunisie et en Égypte), en guerres civiles ou en chaos (Libye, Syrie, Yémen…) engendrés par le terrorisme d’al-Qaïda ou de Daesh.

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