Condamnation de Marine Le Pen, l'attaque de la démocratie en Europe

Marine Le Pen a été condamnée à cinq ans d’inéligibilité, avec effet immédiat, dans l’affaire des assistants parlementaires du Front National. Une décision aux lourdes conséquences politiques, alors que la présidente du groupe RN à l’Assemblée est donnée favorite pour l’élection présidentielle. Pour Raphaël Audouard, cette mise à l’écart judiciaire soulève une question grave pour la démocratie.

Ecoutez l’analyse complète de Raphaël Audouard ci-dessous: 

Un séisme politique international et des précédents inquiétants en Europe

 

La condamnation de Marine Le Pen à l’inéligibilité a été le sujet politique de la semaine. La presse européenne et occidentale s’en ait largement fait l’échos car si Marine Le Pen ne pouvait pas se présenter lors de l’élection présidentielle française de 2027, cela constituerait un véritable séisme politique qui pourrait bouleverser la situation politique en Europe et en Occident. Les leaders conservateurs et patriotes européens ont exprimé leur soutien à la leader du Rassemblement national, à l’image de Victor Orban, Matteo Salvini, Giorgia Meloni ou encore Geert Wilders. Les Etats-Unis ont aussi réagi via les déclarations du président Donald Trump et de son conseiller Elon Musk. Enfin, Jair Bolsonaro, ancien président brésilien et lui aussi empêché par la justice de se présenter lors des prochaines élections de son pays, a lui aussi dénoncé cette attaque contre les patriotes français.

Cette condamnation fait écho à d’autres événements similaires en Europe et s’inscrit dans un contexte de dérives antidémocratiques en Europe. On peut ainsi citer l’annulation du second tour de l’élection présidentielle roumaine en 2024 par la Cour Suprême du pays suite à l’arrivée en tête au premier tour du candidat patriote Calin Georgescu. Peu avant les nouvelles élections Câlin Georgescu avait été arrêté puis interdit de se présenter à une élection dont il était désormais le grand favori. Une autre candidate patriote Diana Iovanovici-Șoșoacă a aussi été empêchée de se présenter. Détail intéressant, la Cour suprême roumaine a assumé le caractère politique de cette décision puisque parmi les motifs, on trouve la remise en cause de l’adhésion de la Roumanie à l’Union européenne et à l’OTAN. Et ce phénomène de persécution juridique des opposants au système se retrouve en dehors d’Europe, dans le reste du monde occidental. On peut ainsi penser aussi aux procès qui ont touché Donald Trump ou à l’interdiction faite à l’ancien président brésilien Jair Bolsonaro de se présenter aux prochaines élections présidentielles. On assiste donc à une tendance en Occident et en Europe à l’utilisation de la justice comme une arme politique pour empêcher les candidats antisystèmes de se présenter.

Cette dérive antidémocratique de l’Union Européenne ne concerne pas que ces persécutions judiciaires. Elle n’hésite ainsi pas à refuser de reconnaître les résultats d’élections de 2024. La censure des idées patriotes est de plus en plus assumée, que ce soit via la cancel culture qui touche les œuvres ou la censure des médias et réseaux sociaux. Les patriotes peuvent aussi rencontrer des soucis avec le système bancaire que ce soit un refus de prêt pour les partis patriotes lors des élections ou la clôture de compte de militants ou d’associations. Alors que l’Union européenne dénonce en permanence de soi-disantes dérives illibérales en Europe centrale et de l’est, comme en Pologne ou en Hongrie, il semble que c’est surtout à Bruxelles que ces dérives se produisent.

Une nouvelle conception de la démocratie

Les élites progressistes développent de plus en plus une nouvelle conception de la démocratie. Face à un peuple manipulé par des leaders populistes et des démagogues, voir gagnés par des affects autoritaires et réactionnaires, il serait du devoir des élites, politiques, médiatiques juridiques ou culturelles, de protéger la société et le peuple contre lui-même. Être démocrate n’est plus de donner le pouvoir au peuple, mais bien de protéger la démocratie contre le peuple. Nous ne sommes pas loin de la situation dénoncée par Bertold Brecht :

« Le peuple, y lisait-on, a par sa faute

Perdu la confiance du gouvernement

Et ce n’est qu’en redoublant d’efforts

Qu’il peut la regagner. Ne serait-il pas

Plus simple alors pour le gouvernement

De dissoudre le peuple

Et d’en élire un autre ? »

Face à ce peuple manipulé, un « front républicain », un « cercle de la raison » doit se former, mené par des élites éclairées. Pour cela, il peut même arriver que le judiciaire se substitue au législateur. Ainsi, en Slovénie, lors de trois referendums, le peuple avait rejeté le mariage homosexuel (en 2002, 2012 et 2015). Mais en 2022, la Cour suprême slovène a considéré que cette interdiction était contraire au principe d’égalité devant la loi et a imposé au législateur d’autoriser le mariage homosexuel. Un même phénomène s’est produit à Taiwan. Dans les deux cas, la Cour suprême s’est permis de prendre une décision concernant une loi au nom de la défense des idéaux progressistes. On voit là l’évolution naturelle de la vision que les progressistes ont de la politique. Une partie des opinions ne sont plus considérées comme acceptables, raisonnables et doivent être combattues même si elles sont majoritaires.

Cette conception de la société et débat démocratique a pour conséquence de profondément cliver la société. Si une partie de la population est choquée par des dérives, une autre les soutient au nom de la lutte contre les populismes. Le discours dominant tend à présenter l’opposition des patriotes aux politiques actuelles non pas comme une autre vision de la société tout aussi légitime, mais comme des positions absurdes, criminelles, voir comme le signe d’une soumission à des puissances étrangères, qu’il s’agisse de la Russie, de la Chine et maintenant des Etats-Unis de Donald Trump. Or, cette vision empêche tout débat. Il n’est, en effet, pas possible de discuter avec l’autre si ce dernier est un imbécile, un salaud ou un traître. Et cela met à mal la démocratie, car cette dernière est censée reposer sur la confrontation et le débat d’idée et non sur une opposition entre des « gentils » et des « méchants ». Et cette diabolisation des idées patriotes peut avoir des conséquences tragiques. On peut rappeler l’assassinat de l’ancien Premier ministre conservateur Shinzō Abe au Japon ou les tentatives d’assassinat qui ont visé Donald Trump, Jair Bolsonaro ou encore le Premier ministre slovaque patriote de gauche Robert Fico. Là encore les européistes font ce qu’ils rapprochent aux populistes : jouer sur les peurs, cliver la société et stigmatiser des pans entiers de la société, notamment les plus pauvres, car il faut le rappeler, ce sont notamment les populations les plus précaires qui votent pour les candidats patriotes.

Vers un sursaut populaire ou une montée de la résignation ?

Face à ces dérives, deux réactions sont possibles. On peut espérer un sursaut populaire face à des élites qui entendent priver le peuple de son pouvoir. Ainsi, en Roumanie, Calin Georgescu a vu ses intentions de vote doubler dans les sondages suite à l’annulation du second tour de l’élection présidentielle. De même, le Rassemblement national en France a enregistré plus de 10 000 adhésions suite à la condamnation de Marine Le Pen. Mais un risque existe, celui de la résignation. Les sympathisants des partis patriotes risquent aussi de se dire qu’il n’est pas possible de changer les choses, qu’il n’y a pas d’espoir à attendre de la politique. Les jeunes et les classes populaires, qui votent massivement pour les partis patriotes, sont en effet les catégories de la population qui sont le plus touché par l’abstention. Le système déplore à chaque élection la montée l’abstention, notamment chez les jeunes et les classes populaires, mais fait tout pour pousser ces populations-là dans la résignation et donc là dans l’abstention. Pour éviter la résignation, il faut se rappeler d’une chose, si le système persécute les patriotes, c’est qu’il les craint et donc que les patriotes constituent la vraie opposition au bloc mondialiste et qu’ils peuvent l’emporter.